15 Apr Dans mon temps !
Je ne suis pas vieux (hu-hum !), mais dans mon temps, les Mac avaient comme nom « Macintosh » inscrit sur le devant, nous travaillions sur le système 1, les écrans n’avaient que 9 pouces de diagonale, et ils étaient en noir et blanc… Disque dur ? Connaît pas ! Tout était sur des disquettes de 400 k. Et sur 400 k, il y avait le système, les logiciels et nos fichiers, alors vous comprendrez qu’il ne fallait pas que la disquette devienne corrompue !
Ma rencontre avec le Mac, Quand j’ai vu un Mac pour la première fois, c’était au CÉGEP de Rivière-du-Loup. Dans une salle réservée aux profs, il y avait un étudiant qui travaillait sur un ordinateur de forme bizarre, avec un bloc à la main ! Je m’en suis approché, curieux, j’ai regardé ce qu’il y avait sur l’écran et là, je suis tombé en amour avec cette machine ! C’était en 1985. Cet ordinateur était destiné aux profs seulement, mais comme c’était nouveau, personne n’était intéressé à l’utiliser, à part cet étudiant en graphisme de 3e année, qui a bien voulu me montrer le fonctionnement d’une machine comme ça.
À première vue, c’était un ordinateur un peu bizarre, un petit ordinateur rectangulaire avec un écran de 9 pouces, une fente pour la disquette et une souris carrée avec un bouton au centre. L’expérience que j’avais avec les ordinateurs c’était avec un « Commodore 64 » à écran couleur de 15 pouces avec de gros pixels. L’ordinateur était inclu dans le clavier et l’unité de disquette était une cassette audio. Alors quand j’ai vu ce petit Mac au centre d’une grande table, qui avait des dessins super cool à l’écran, et en plus qui se contrôlait avec une souris, ça dépassait mon imaginaire ! Dès ma première utilisation, j’ai dû passer une partie de la nuit à m’amuser avec ce Mac, le local étant ouvert en tout temps pour les profs. En fait, il n’y avait rien d’autre dans ce local que ce Mac et un vieux Apple II, alors les profs ne venaient jamais dans ce local, ce qui me laissait tout mon temps pour jouer avec ce joujou ! Les seuls logiciels qui existaient étaient MacDraw, MacPaint et MacWrite. On comprend que c’était les logiciels d’Apple et qu’il n’y avait rien d’autre.
Ce n’était pas évident d’utiliser une souris pour faire des formes. Le premier but que je me suis fixé a été de dessiner mon appareil photo avec le logiciel MacDraw qui ne faisait que des formes géométriques… tout un premier défi !
Durant cette année, j’ai utilisé ce Mac, toujours inconnu du reste du CÉGEP, pour mes cours de graphisme. J’y ai fait un logo et un seul endroit pouvait m’imprimer mon logo : c’était un centre de photocomposition qui avait eux aussi un Mac. J’ai fait fureur !
En deuxième année de CÉGEP, les Mac n’avaient pas encore leur place dans les cours, mais j’avais donné le goût à plusieurs. Le petit ordinateur était un peu plus occupé. Mais quand nous en avons eu un deuxième, un Mac Plus, encore plus rapide, avec de nouveaux logiciels, Adobe illustrator et Photoshop, en plus d’une imprimante à point « ImageWriter », le bonheur !
En troisième année, j’ai eu un cours d’informatique sur Mac. Le CÉGEP s’était équipé d’environ 8 Mac SE, avec deux fentes à disquette, WOW ! Désormais, nous pouvions avoir une disquette avec système et applications et une autre avec nos fichiers. Ce qu’il y avait de nouveau aussi : nous pouvions scanner des photos sur l’imprimante à points. Une fois notre photo passée dans l’imprimante, elle se retrouvait dans l’écran (en noir et blanc seulement, on veut bien là, mais la technologie a ses limites !). Du jamais vu !
Les deux années suivantes, sur le marché du travail, j’ai travaillé comme graphiste sur table à dessin. Il faut croire qu’à Drummondville, les ordinateurs n’étaient pas encore rendus, alors j’ai décidé d’aller me perfectionner en informatique (ce que j’aurais du avoir fait bien avant). Enfin du travail sérieux, à Toronto au Sheridan College, le cours de Computer Graphics était ce qu’il me fallait : une vraie salle informatique équipée de la fine pointe de la technologie, des Mac en couleurs, avec des disques durs ( je n’en avais jamais vu !). Plus besoin de conserver le système sur disquette ! C’était des Macintosh II, avec les logiciels Adobe Illustrator 3, Photoshop. Mais ce qui me passionnait, était « Macromind Director ». Enfin, nous pouvions faire de l’interactif.
De retour sur le marché du travail, arrivé à Montréal, Cabana Séguin me donne la chance, en tant que pigiste, de travailler sur des projets intéressants, sur Mac bien sûr. Pas question de retourner sur table à dessin ! À cette époque, j’avais un Mac SE noir et blanc de 9 pouces pour travailler sur des emballages de pain Provigo. Une fois ouvert, l’emballage de pain devait mesurer 4 pieds ; 4 pieds sur un écran qui mesurait 5 pouces de haut, ce n’était pas facile (zoomin, zoom-out) !
Le système 6 ne nous permettait pas de passer d’un logiciel à un autre. Une fois terminé avec ce logiciel, nous devions le quitter pour en ouvrir un autre. Pendant le temps que l’ordinateur ouvrait votre logiciel, vous aviez le temps d’aller prendre un café.
Un petit disque dur de 20 megs était suffisant puisque les fichiers pesaient au maximum 300 k. Voici les logiciels utilisés dans ce temps-là : Aldus PageMaker, Aldus Freehand, Hypercard, Adobe Illustrator (mais on préférait Aldus Freehand), Adobe Photoshop, Microsoft Word et Excel ( juste pour installer Word, il y avait 12 disquettes) Les imprimantes étaient rassembleuses : une fois l’impression envoyée, vous ne pouviez plus travailler, car l’ordinateur ne pouvait pas faire deux choses en même temps, et une simple impression prenait environ 5 minutes pour sortir, (et ici je ne parle pas d’impression en couleur avec des photos, car les photos étaient remplacées par des blocs noirs pour position et les imprimantes n’étaient qu’en noir et blanc), alors quand vous étiez le 6e à attendre votre feuille, il y avait autour de l’imprimante un rassemblement de tous ceux qui attendaient leurs feuilles !
À partir de ce moment, j’en ai passé des modèles de Mac : Macintosh II, Macintosh LC, Quadra 600, 700, 800, 850… Nous avons aussi commencé à intégrer un serveur Quadra, petit serveur qui ne servait que de disque dur central où nous pouvions déposer nos fichiers. Mais attention de ne pas travailler directement sur ce serveur, puisque le réseau n’était pas fiable, les systèmes non plus, l’ordinateur gelait régulièrement, ou le réseau quittait, et si vous n’aviez pas sauvegardé, tant pis, on recommence !
Une nouvelle génération de Mac arrive au milieu des années 1990, les PowerMac, 6000, 6100, 6150, 7000, 7100, 7150, 8100, 8100 av (Audio/Video), 8150, 8500, 9500… on ne s’y retrouvait plus dans les modèles, heureusement que Steve Jobs est revenu chez Apple pour faire un gros ménage ! Le petit réseau Internet Internet n’a pas toujours été comme on le connaît. Au début, nous avions besoin de modem pour communiquer avec les fournisseurs Internet. Ce modem n’était pas rapide : 14.4 Kbit/s (14 k par seconde, quand on pense que présentement on est a 3000 k par seconde !) et ce quand la connection était bonne ! Ça pouvait arriver qu’il n’y avait plus de ligne disponible chez notre fournisseur Internet, il fallait attendre et essayer plus tard.
Avant le système 10, pour ceux qui s’en rappellent, les ordinateurs pouvaient facilement planter au moins 2 fois dans une journée. Ah ! le bon vieux temps ! Les brûleurs CD/DVD n’existaient pas, nous devions utiliser des disquettes (1.4 Mb) ou encore il y avait des cartouches SyQuest non fiables de (44 Mb) et plus tard (88 Mb), ensuite sont venus les Zip 100 Mb et les Jazz 1 Gig. Il fallait encore se méfier du « clic de la mort » ! Si par malchance un « clic » se faisait entendre, votre cartouche Jazz restait bloquée dans le lecteur et il était impossible de la retirer.
Tout ça, c’était dans le temps que la pomme du logo Apple était en couleurs. Un grand changement arrive ensuite dans le monde de Apple, un système ultra fiable, est-ce possible (Mac OS X) ? Difficile à croire, mais pour pouvoir l’utiliser, il faut faire de grands changements, ce qui n’était pas accepté par tout le monde. Les gens étaient rétissants au changement, à une nouvelle façon de travailler. Le système de fenêtre (colonne) a été une grande adaptation, en plus du besoin de changer tous les logiciels…
Voilà une histoire d’amour qui dure depuis ce temps./
Avril 2011
Stephane St-Denis